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mardi 12 février 2013

Silhouette (Jean-Claude Mourlevat)

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Un nouveau livre de Jean-Claude Mourlevat c'est comme un bonbon, ça se savoure en douceur. Malheureusement, celui-ci est bien trop court ! Cette fois, ce sont des nouvelles que nous propose l'auteur. La quatrième de couverture précise "10 nouvelles fortes et cruelles".

Dix textes donc, très différents les uns des autres, chacun son univers. Certains flirtent avec l'absurde, d'autres se rapprochent de la "normalité" mais tous sont originaux dans l'écriture.
La chute de la plupart de ces nouvelles ne m'a pas tant surprise mais cela n'a en rien gâché mon plaisir de lecture qui fut grand. Une seule nouvelle m'a déçue, les neuf autres m'ont enthousiasmée. J'ai aimé retrouver l'écriture de cet auteur, j'ai aimé cet imaginaire débordant, cette vision décalée des choses, l'humour noir, le côté jubilatoire. 

Silhouette est un recueil qui pourrait bien me réconcilier avec les nouvelles, genre dont je ne raffole pas habituellement (à quelques exceptions près)

Difficile de choisir, mais je crois que la nouvelle que je préfère est Case départ. Et vous ? 

(Cerise sur le gâteau, si je puis m'exprimer ainsi, la couverture est superbe !)

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Gallimard Jeunesse (Scripto), 2013, 220 pages

jeudi 3 mars 2011

Terrienne (Jean-Claude Mourlevat)

Il m'est délicat de vous parler de livre que je ne voudrais pas écorcher par mes mots tant je l'ai aimé. La première impression qui se dégage de cette lecture c'est celle de pureté. Pureté de l'écriture et de la façon dont l'auteur envisage les deux univers qui composent ce récit. A partir d'une histoire de science fiction de facture classique, l'auteur délivre un roman qui ne ressemble à aucun autre, qui lui est propre. 
D'un côté il y a la Terre avec ses couleurs, ses odeurs, son désordre et ses virus, de l'autre il y a ce monde aseptisé, inodore, incolore, vide d'émotions. Entre les deux il y a Anne, une jeune terrienne à la recherche de sa soeur disparue.
S'offrent alors au lecteur les visions de ces deux mondes parallèles que tout oppose. C'est précisément la manière de les présenter qui fait, selon moi, la grande force de ce livre. Jean-Claude Mourlevat les décrit sans prendre parti, en endossant à chaque fois le point de vue des êtres qui les habitent. Pour chaque espèce, l'autre monde est source d'incompréhension et de dégoût, mais finalement les deux suscitent l'empathie. Comment en effet, accepter l'idée de manger des morceaux d'animaux morts quand on n'a pas été élevé ainsi ? Comment  se passer des saveurs et de la diversité du monde quand on est terrien ? Chaque espèce est victime de son éducation, de sa culture, et vivre de l'autre côté lui est devenu impossible.
C'est un hymne à la tolérance, à la pluralité du monde dans lequel nous vivons, un regard neuf sur la vie et les petits choses dont on n'a parfois plus conscience. 
Terrienne, c'est une parenthèse hors du temps, un peu comme un rêve qui poursuit le dormeur après son réveil. 

Jean-Claude Mourlevat est un grand Monsieur qui a toute ma gratitude.

* * *

Si vous n'êtes pas encore convaincus, lisez le superbe billet de Theoma et celui de Clarabel

Et si après ça vous n'avez pas encore décidé de lire Terrienne, découvrez les premières pages en ligne.

Le site de l'auteur

Une interview de l'auteur réalisée par Gallimard Jeunesse à l'occasion de la sortie de Terrienne et qui aborde aussi de façon plus générale le métier d'auteur, passionnant !


Gallimard Jeunesse, janvier 2011, 386 pages

jeudi 11 février 2010

L'enfant Océan (Jean-Claude Mourlevat)

J'ai fait connaissance avec la talentueuse plume de Jean-Claude (je l'appelle Jean-Claude si je veux d'abord !) à la fin de l'année dernière et ce fut un véritable coup de foudre. Je savais que tôt ou tard je le retrouverai, sans nul doute. Un passage à la bibliothèque m'a fait tomber en toute innocence sur ce court roman dont j'avais déjà entendu parler à maintes reprises.

Je n'ai pas eu de coup de cœur comme pour Le chagrin du roi mort, mais encore une fois la magie a opéré et j'ai été de nouveau séduite par l'écriture. Je ne sais pas comment mettre en mots mon ressenti, mais dès le début de la lecture j'ai l'impression d'être enveloppée dans un cocon, comme si le monde extérieur cessait d'exister. Un cocon qui n'est d'ailleurs pas vraiment douillet car L'enfant Océan est un roman assez dur, peut-être même trop pour un jeune lectorat ? La quatrième de couverture préconise ce titre dès 10 ans, il me semble que c'est un peu tôt...

L'enfant Océan est une fable moderne, une revisitation du célèbre conte Le petit poucet de Charles Perrault qui est ici transposé dans le monde actuel. On retrouve donc sept enfants, soit trois paires de jumeaux et un petit dernier aux proportions minuscules qui décide de fuir la ferme familiale avec ses frères. Les pérégrinations de la petite troupe sont racontées tout à tour par de nombreux personnages de l'histoire. Ce récit à plusieurs voix est émouvant et triste ; ça vous remue, ça vous bouscule jusqu'à la toute dernière page. J'ai retrouvé ce que j'ai aimé dans Le chagrin du roi mort, une écriture mélancolique et poétique qui me touche profondément.

Me voilà dans de beaux draps, à mon âge je retombe amoureuse,  et il va falloir que je découvre les autres titres de ce grand Monsieur de toute urgence.


Les avis de Laurence, Florinette, Chiffonnette et Cuné


Le site de l'auteur qui nous promet une belle surprise d'ici la fin de l'année... Je serai au rendez-vous bien entendu !


Pocket Jeunesse (collection Pocket Junior) - 151 pages

samedi 5 décembre 2009

Le chagrin du roi mort (Jean-Claude Mourlevat)

Laissez-moi tout d'abord m'attarder un instant sur la couverture que je trouve magnifique (et la photo ne lui rend pas justice, il y a du doré et un bleu métallisé que l'on ne distingue pas dessus). Une couverture qui me donnait déjà envie de lire ce roman avant même de savoir de quoi il parlait.
Et bien je peux vous dire que la prose de Mourlevat est à la hauteur de cette couverture (ou plutôt est-ce l'inverse ?!).
C'est un univers très particulier que celui du Chagrin du roi mort, empreint de merveilleux et de poésie. On y croise une sorcière friande de rats, deux frères jumeaux et complices, un nain musicien à ses heures, un roi qui vient de mourir, un pays entouré d'eau et recouvert de neige, un homme assoiffé de pouvoir et de sang... autant d'éléments qui s'assemblent pour en faire une superbe histoire où il sera question de fraternité, d'amour, de courage et d'espoir, mais aussi de trahison, de guerre et de mort.
Un roman relativement sombre, d'une beauté majestueuse, envoutant, bouleversant. On tourne les pages sans pouvoir s'arrêter, pour savoir ce qui va se passer, où l'aventure va nous conduire, et on referme le livre avec un sentiment de frustration immense (ceux qui ont lu ce roman doivent savoir à quoi je fais allusion, pour les autres je vous laisse le soin de la découverte).

Il me faut à présent découvrir les autres romans de Jean-Claude Mourlevat, une chose est certaine, je suis totalement séduite par sa plume enchanteresse.

Un extrait jubliatoire (qui n'est pas forcément représentatif de l'ensemble du roman) :

Brit évalua rapidement la situation. Elle avait devant elle une grille fermée. De l'autre côté de cette grille se trouvait un garde qui en détenait la clé. Le garde n'ouvrirait pas et il ne donnerait pas la clé. La question était donc : comment faire passer la clé de ce côté-ci de la grille ? Et la réponse : en faisant passer  le garde tout entier, clé comprise. La question était : comment faire passer tout entier un garde de cent trente kilos entre des barreaux espacés de vingt centimètres ? Brit y apporta la réponse suivante, simple et radicale : en tirant fort.
- Tenez ça hu-hu..., dit-elle, et elle avança sa main entre les barreaux comme pour donner quelque chose.
Le garde ne se méfia pas. Qu'à-t-on à craindre d'une centenaire cassée en deux lorsqu'on est un homme dans la force de l'âge, et armé de surcroît ? Il baissa son arme et s'approcha.
- C'est quoi ? demanda-t-il.
- C'est ça..., répondit la sorcière.
Là-dessus, elle empoigna le malheureux par les cheveux, le souleva du sol et le tira vers elle, le forçant entre les barreaux comme on force le linge entre les rouleaux d'une essoreuse. Et lorsque le garde fut de l'autre côté de la grille, quelques courtes secondes plus tard, il était essoré et ... mort.

Les avis de Clarabel, Lael, Karine :), Théoma, Cuné, Fashion

Gallimard jeunesse - 402 pages

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